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La littérature d'idées et la presse

Le progrès
Texte 1: Zola, La Bête humaine, 1880 (chapitre 5)
Jacques est un jeune mécanicien, en charge d'une locomotive à vapeur, surnommée la Lison.
Dans le vaste hangar fermé, noir de charbon, et que de hautes fenêtres poussiéreuses éclairaient, parmi les
autres machines au repos, celle de Jacques se trouvait déjà en tête d'une voie, destinée à partir la première. Un
chauffeur du dépôt venait de charger le foyer, des escarbilles rouges tombaient dessous, dans la fosse à piquer le
feu. C'était une de ces machines d'express, à deux essieux couplés, d'une élégance fine et géante, avec ses grandes
roues légères réunies par des bras d'acier, son poitrail large, ses reins allongés et puissants, toute cette logique et
toute cette certitude qui font la beauté souveraine des êtres de métal, la précision dans la force. Ainsi que les autres
machines de la Compagnie de l'Ouest, en dehors du numéro qui la désignait, elle portait le nom d'une gare, celui de
Lison, une station du Cotentin. Mais Jacques, par tendresse, en avait fait un nom de femme, la Lison, comme il disait,
avec une douceur caressante.
Et, c'était vrai, il l'aimait d'amour, sa machine, depuis quatre ans qu'il la conduisait. Il en avait mené d'autres,
des dociles et des rétives, des courageuses et des fainéantes; il n'ignorait point que chacune avait son caractère, que
beaucoup ne valaient pas grand-chose, comme on dit des femmes de chair et d'os; de sorte que, s'il l'aimait celle-là,
c'était en vérité qu'elle avait des qualités rares de brave femme. Elle était douce, obéissante, facile au démarrage,
d'une marche régulière et continue, grâce à sa bonne vaporisation. On prétendait bien que, si elle démarrait avec
tant d'aisance, cela provenait de l'excellent bandage des roues et surtout du réglage parfait des tiroirs; de même
que, si elle vaporisait beaucoup avec peu de combustible, on mettait cela sur le compte de la qualité du cuivre des
tubes et de la disposition heureuse de la chaudière. Mais lui savait qu'il y avait autre chose, car d'autres machines,
identiquement construites, montées avec le même soin, ne montraient aucune de ses qualités. Il y avait l'âme, le
mystère de la fabrication, ce quelque chose que le hasard du martelage ajoute au métal, que le tour de main de
l'ouvrier monteur donne aux pièces : la personnalité de la machine, la vie.
1) Comment est décrite la machine à vapeur
dans le premier paragraphe ?
2) Quelle relation Jacques entretient-il avec sa
machine ?
3) Qui est la « bête humaine >> ? Justifiez.

User JIghtuse
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Answer:

1) La machine à vapeur avait deux essieux couplés, avec des grandes roues légères, réunies par des bras d'acier, son poitrail large, ses reins allongés et puissantes.

2) Jacques aime sa machine à vapeur, car elle est différente des autres: la machine avait le "mystère de fabrication", qui lui a donné vie. Jacques, en effet, la traite comme si elle était une femme, sa bien-aimée.

3) la "bête humaine", c'est donc la machine à vapeur, précisément parce que l'auteur personnifie l'objet. La personnification est également mise en œuvre par Jacques, de par sa manière de faire. Il la traite comme si elle était une femme et prend soin d'elle, ce qui la rend spéciale des autres. Sa fabrication particulière lui a permis de recevoir la vie, et donc le protagoniste est pensif à son égard.

User Martti D
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